Le PACME : 3 constats avant même que le programme n’affiche «complet»

Le 6 avril dernier, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, M. Jean Boulet a annoncé l'attribution de 100 millions de dollars pour la mise en œuvre du Programme actions concertées pour le maintien en emploi (PACME). Celui-ci a été mis en place en raison des conséquences de la pandémie de COVID-19 sur les entreprises et les travailleurs et créé en collaboration avec la Commission des partenaires du marché du travail. Il offre un soutien financier direct aux entreprises pour favoriser la formation et l’implantation de bonnes pratiques en gestion des ressources humaines, et optimiser le fonctionnement des entreprises et du marché du travail.

Bien qu’il soit toujours possible de souscrire au programme PACME, les demandes ont été très nombreuses et les fonds semblent bien engagés. Même si le programme n’affiche pas encore complet, j’aimerais partager trois constats et émettre un souhait.

 

Constat 1

Il y a beaucoup de positif qui entoure cette initiative du gouvernement :

  • le PACME a été mis de l’avant par un gouvernement qui a à coeur d’aider les entreprises qui croient en la formation et investissent dans la nécessité de développer les compétences de leurs ressources. Parce que le développement des compétences et de la compétitivité de nos entreprises sera l’une des pierres angulaires de la relance de l’économie;
  • le PACME éveille davantage la conscience de la société pour la formation;
  • la compétence du Québec devrait s’en trouver globalement augmentée;
    plus de salariés seront mobilisés, en période difficile, grâce à la formation.

 

Constat 2

Il a été encourageant de voir émerger de « nouveaux formateurs » ou « coachs ». Mais surprenant de voir une partie de cette population (anciens et nouveaux) s’autoproclamer éligibles et promettre une compatibilité à 100% de leur programme au PACME. 

Après l’annonce, il n’a fallu que quelques minutes pour voir le web et les réseaux sociaux (Linkedin, Facebook, Instagram) s’enflammer et recevoir 100 infolettres encombrer nos boîtes courriel!

Mon premier réflexe a été de me mettre dans « les souliers du responsable RH (chercheur de formation) » et d’imaginer à la fois sa joie (opportunité de formation) et en même temps son casse-tête en observant cet océan d’informations.

Comment s’y retrouver?

Qui sont les vrais experts sur le marché?

Qui le fait pour les bonnes raisons?

Y aura-t-il un arbitrage afin de permettre aux entreprises qui ont de réels besoins d’en bénéficier? 

Être formateur ou coach ne s’improvisent pas en quelques jours et il existe de grandes différences entre une formation présentielle et une formation à distance. Les transpositions ne sont pas si simples et évidentes que cela. Cela ne se résume pas à un « Zoom » ou « à la création d’une capsule vidéo ». Le marketing c’est bien mais pas au détriment de la qualité de service et des clients.

Selon moi, aider les entreprises, c’est les accompagner et non risquer de les « tromper » par de fausses promesses alléchantes. 

 

Constat 3

Plus que jamais les entreprises ont besoin de structurer leur fonction Formation.

La formation ne se décrète pas, elle ne s’adapte pas ou ne se structure pas en fonction d’un programme gouvernemental. Chaque entreprise devrait bâtir un plan de formation aligné avec les expertises requises à l’interne. Ce plan est un outil structuré pour développer les compétences que l’entreprise a identifiées comme essentielles à l’atteinte de ses objectifs. Si la formation est éligible à un programme, c'est la cerise sur le gâteau mais il ne faut pas inverser la vapeur et chercher à tout prix à rendre un plan de formation conforme à des financements sans que les formations inscrites au plan répondent aux besoins et enjeux de l’entreprise. Cela pourrait être néfaste pour l’entreprise et laisser une image «endommagée» de la formation une fois la crise passée si les conditions optimales ne se sont pas rencontrées. Combien d’entreprises ou employés pourraient se retrouver déçus de leur dernière expérience de formation? On sait déjà que la formation n’est pas toujours interprétée comme une expérience enrichissante mais elle devrait l’être particulièrement dans le contexte actuel.

 

Mon souhait

Que le Québec réussisse, avec le PACME, à maintenir des emplois, favorise l’augmentation en compétences des travailleurs mais aussi transforme l’industrie de la formation avec l’arrivée de nouvelles expériences en plus de contribuer à séparer le « bon grain de l’ivraie » de ce secteur. Je crois fondamentalement que de rester intègre, collé sur ses valeurs, à sa mission, sa raison d’être et sa réelle expertise est ce qui sera bénéfique à long terme aux acteurs de la formation. Travailler en synergie et être des vecteurs positifs de changement du domaine de la formation ne peut être que bénéfique pour toutes les entreprises de la province et un formidable potentiel de relance de notre économie.

 

Marie-Ève Hermkens

Présidente de Boomrank

www.boomrank.ca