Pénurie de main-d’œuvre: employeurs, il faut revoir la façon de faire en 2022

Article original: https://www.journaldemontreal.com/2021/12/17/penurie-de-main-duvre-employeurs-il-faut-revoir-la-facon-de-faire-en-2022

Je suis toujours fascinée par les consommateurs de dernière minute avant les Fêtes. Plusieurs employeurs du Québec réagissent à la pénurie de main-d’œuvre comme plusieurs magasinent un 24 décembre : pressés, étourdis et paniqués. Si le cadeau tant convoité pour votre chérie est en rupture de stock, vous n’avez que vous-même à blâmer de ne pas avoir été prévoyant. Plusieurs employeurs se plaignent des problèmes de main-d’œuvre, mais n’ont-ils pas trop attendu avant d’agir ? Sont-ils ouverts à explorer de nouvelles solutions ?

On a raison de s’inquiéter de la rareté de la main-d’œuvre. Près de deux PME sur trois ont de la difficulté à trouver du personnel, selon un sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI). Selon les prévisions, ce sera l’hécatombe dans plusieurs secteurs d’activités pendant 10 ans au Québec. Le gouvernement Legault a fait des efforts cet automne avec des mesures ciblées pour encourager le retour à la formation. Certains diront trop, d’autres pas assez. Le gouvernement doit continuer de déployer des campagnes de sensibilisation pour encourager la formation, la réorientation de carrière pour certains travailleurs et le virage numérique. Mais ça prendra plus !

La responsabilité de tous

Parce que c’est aussi de la responsabilité de chacun d’entre nous, c’est-à-dire employeurs, employés et chercheurs d’emplois de faire les efforts nécessaires en 2022 pour résoudre cette problématique. On doit s’arrimer tous ensemble et arrêter de travailler en silo. 

Actuellement au Québec, 280 000 postes sont vacants bien qu’il y ait 250 000 chômeurs dans la province. 200 000 personnes ne sont ni aux études, ni en emploi, ni en formation. Ces 450 000 travailleurs sont disponibles ici et dès maintenant ! Et c’est sans compter les milliers d’étudiants à la recherche de stages ou les retraités dont certains veulent continuer à travailler. C’est une question d’offre et de demande : il y a un désajustement entre les compétences attendues et celles disponibles sur le marché.

Des changements nécessaires

À l’aube de 2022, les employeurs du Québec sont condamnés à revoir leurs façons de faire pour lutter contre la pénurie de main-d’œuvre. Parce que nous n’avons plus le luxe d’attendre les deux pieds sur le pouf que le problème se règle de lui-même, ou pire que le gouvernement le règle à notre place. Hélas, plusieurs entreprises préfèrent rester dans leur zone de confort avec des méthodes datant d’une époque révolue ! Pourquoi une entreprise qui refuse des contrats faute d’employés n’essaierait-elle pas de nouvelles solutions de recrutement ? 

Les employeurs doivent accepter la réalité en face : le bassin de main-d’œuvre qualifiée s’est rétréci. Il faut donc mettre la main à la pâte. Ça doit passer entre autres par la formation de travailleurs disponibles. Les PME sont-elles prêtes et réellement ouvertes à envisager d’autres solutions de recrutement ? Pourquoi ne pas miser sur la formation rémunérée en emploi ? Pourquoi ne pas offrir des stages aux étudiants qui veulent acquérir de nouvelles compétences ? Pourquoi ne pas créer des postes à temps partiel pour des retraités expérimentés ? 

Il faut aussi, bien entendu, investir dans les nouvelles technologies, valoriser nos métiers auprès des travailleurs potentiels disponibles et revaloriser l’apprentissage, que ce soit dans une institution scolaire ou directement dans l’entreprise qui embauche. 

Il n’y aura pas qu’une seule solution pour contrer la rareté de main-d’œuvre en 2022. C’est la combinaison de plusieurs méthodes selon le bon contexte qui portera ses fruits. 

On dit qu’il faut de tout pour faire un monde. Et ce monde, c’est à nous tous de le bâtir dès maintenant.

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Marie-Eve Hermkens

Présidente

Plate-forme de développement des compétences Boomrank inc.